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Dans Les Derniers Episodes

Efc

24 décembre 2007 1 24 /12 /décembre /2007 22:24

BRÈVE  [1]

J'étais donc à Paris pour fêter mes 20 ans, qui soit dit en passant sont passés en coup de vent devant ma tronche. Mais je ne les ai pas interpellés pour leur dire ma détresse. A quoi ça sert, il fallait bien que jeunesse se passe.

J'ai passé trois bonnes journées, j'ai mangé les métros, bousculé des gens, vu des gosses baver devant des vitrines remplies de faux cadeaux et de peluches animées par des fils. Le premier jour j'ai allumé une bougie pour Ingrid Bétancourt, le deuxième c'était shopping, le troisième, culturel. Pour tout vous dire, je n'ai plus de jambes, j'ai des fesses musclées qui peuvent renvoyer les mannequins les plus top se rhabiller, cerise sur le cocotier : il a fait beau tout le temps.

Ce qui m'anime dans cette ville-là, ce n'est pas tant la tour de Monsieur Eiffel, ni même les Champs Elysées. Trop de vues,Glamour_by_Novic trop de monde, ça gâche le plaisir. Non, j'ai été touchée par le contraste simultané. D'un côté les gens qui se pressent pour ne pas rentrer à la maison les mains vides . De l'autre, ceux qui couchent dehors, qui sont noyés dans la foule, qui sourient tout de même. C'est les SDF, c'est les gosses qui n'ont plus rien, c'est dégradant, un pauvre qui se colle contre le carrelage du métro, plus bas que terre. C'est du déjà vu, on me dira qu'on en voit tellement que c'est devenu une pièce du décor quotidien. J'ai pas l'habitude, c'est peut-être pour ça que ça me choque autant. Je ne suis pas une gosse de riche, j'ai tout ce que je veux sur un plateau de cuivre, sans même hocher du bonnet, je sais que c'est de l'acquis.

Eux, il n'y a pas d'avenir. C'est comme un cachet collé sur le front : vous n'avez pas d'argent, pas de quoi vous entretenir donc, sans fric pas de loyer, sans loyer, pas d'assurance de stabilité si l'on veut un travail. C'est une boucle qui se noue sur le mot "injustice", comme si cela pouvait embellir la distance, pour moins la côtoyer. Côté cour, côté cuisine, côté Présidentiel, côté déchéance humaine. Si même moi, avec tout mon confort, j'ai ma confiance en moi au plus bas, ces autres qui pourraient être nous ne se lient-ils pas à la désagrégation morale ? On apprend aux enfants à compter deux par deux, à manger proprement. On donne des bonnes notes pour les premiers, on ne suit pas ceux qui font des efforts. C'est comme pour tout, la société, ici à Bruxelles, ou là à Paris, on estime que d'avoir deux niveaux remplit l'équité sociale. Mais la complémentarité ne passe pas forcément par des opposés.

A côté donc de la justice qui s'égare, il y a aussi l'impuissance. Je ne sais pas nier tout ce qui se passe autour de moi, parce que je m'échaffaude l'esprit sur le terreau du regard aiguisé, mon coeur se sent tiraillé part toutes ces minuscules voix qui essayent d'ouvrir une porte vers mon cerveau. Ne jamais oublier, garder l'image.

C'est fait. 

PICTURE SOURCE

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commentaires

N
Trop top ta description des touristes.Tu imagines ce que l'on peut vivre ici tous les étés........
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